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aux nègres de garder des paquets appelés macandals, et de composer et vendre des drogues. Ces paquets contenaient le plus souvent de l’eau bénite et de l’encens bénit, ce qui constituait le sacrilège visé par l’Édit de juillet 1682. Il est prescrit à ceux qui en seront porteurs de les remettre dans la huitaine à leurs maîtres ou aux curés.

Une lettre du Ministre à MM. Bart et Elias[1] nous fournit encore d’intéressants détails sur cette question des empoisonnements, dans laquelle furent impliqués les Jésuites, lors de leur expulsion de la Martinique. En mai 1756, « on a découvert tout à coup dans le quartier du Cap et du Fort-Dauphin une pratique presque générale d’empoisonnements faits par des nègres esclaves, tant contre les maîtres que sur les esclaves et les animaux ». Mais il ne s’agissait pas d’une conspiration générale, comme on a pu le craindre, « puisque les esclaves ont plus fait d’usage de leurs pouvoirs contre leurs semblables que contre les blancs ». Au nombre des pièces de la procédure était la déclaration d’une négresse, suivant laquelle « le P. Duquesnoy, chargé de l’instruction des nègres dans le quartier du Cap, lui avait défendu de nommer ses complices ». Elle a persisté dans son affirmation, même en présence du supérieur des Jésuites. Aussi Sa Majesté envoie l’ordre de retirer le P. Duquesnoy de Saint-Domingue. « Après tout ce qui s’est passé de la part des esclaves, ajoute le Ministre, sur les empoisonnements, vous devez sentir combien il est important de détruire en eux l’espoir de la liberté par testament qui les a portés à commettre tant de crimes. » Et il recommande de préparer un projet d’ordonnance sur ce point.

À la Guadeloupe, les administrateurs en promulguent une très importante, le 5 juillet 1767[2], en 11 articles. Le premier rappelle l’Édit de juillet 1682, celui de février 1724 et la

  1. Arch. Col., B, 109, Îles-sous-le-Vent, p.21, 6 avril 1759.
  2. Arch. Col., Recueil des lois particulières à la Guadeloupe, F, 236, p. 490.