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ayant donné un coup de houe sur la tête à son maître Nicolas Michel, le Conseil de Léogane[1] confirme en appel sa condamnation, aux termes de laquelle il devait faire amende honorable, avoir le poing coupé et être rompu vif. Le 5 novembre 1709, les nègres du sieur Laubas ayant attaqué et maltraité ceux du sieur Du Parquet, le Conseil de la Martinique les condamne, le chef à être pendu et étranglé, les autres fustigés de verges et marqués[2]. Le maître perdra — vu sa complicité ou tolérance — le prix de son nègre ; de plus, il paiera 500 livres d’amende et 2.000 livres de dommages à Du Parquet. Le 7 mars 1718, un esclave est banni, pour meurtre, de la Martinique[3]. De même au Cap, le 2 septembre 1727. Les propriétaires devaient tâcher de vendre ces esclaves dans une autre colonie, mais il n’est pas question d’indemnité. Le nègre Guillaume Bily est condamné à porter toute sa vie chez son maître une chaîne pesant 15 livres, « pour obvier aux désordres que ledit nègre pourrait causer dans la suite » ; on ne dit pas ce qu’il avait fait, et — chose curieuse — il était absous en appel de la première sentence (non indiquée) prononcée contre lui[4].

Si parfois les peines n’ont pas été assez fortes, c’est le gouvernement central qui se charge de rappeler qui de droit à la sévérité nécessaire. Ainsi le Ministre écrit, le 5 mars 1726, à M. Blondel[5] : « L’affaire du nègre qui a maltraité un blanc n’a (pour n’aurait) point dû être traitée avec douceur. Ces sortes d’affaires sont trop importantes pour souffrir qu’on entre dans des accommodements. Sa Majesté à laquelle j’en ai rendu compte veut que le capitaine de milices qui y a donné les mains soit cassé. Je le marque à M. de Feuquière. Elle m’a ordonné aussi de vous marquer que, sans avoir

  1. Moreau de Saint-Méry, II, 103, 1er août 1707.
  2. Arch. Col., F, 250, p. 771.
  3. Arch. Col., F, 251, p. 781.
  4. Moreau de Saint-Méry, III, 220.
  5. Arch. Col., B, 48, p. 303.