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Cap Vert et Gambie, y compris les deux rivières[1] ». M. Pigeonneau écrit, à ce propos, qu’ils furent investis du « privilège du commerce et de la traite des noirs[2] ». À vrai dire, le texte ne l’indique pas expressément. Toutefois, nous inclinons à penser comme lui que le trafic en question devait comprendre cet article, car il était dès lors d’exportation courante au Sénégal et en Guinée. « Le fort Saint-Louis s’éleva sous la protection d’une escadre commandée par Claude de Razilly et devint le principal siège des opérations de la Compagnie. De 1633 à 1635, deux autres sociétés, l’une malouine, l’autre parisienne, obtinrent également le monopole du trafic sur la côte d’Afrique, la première de Sierra-Leone au cap Lopez, la seconde du cap Blanc à Sierra-Leone, sauf sur les points réservés à la Compagnie normande du Sénégal[3]. » Mais il faut croire qu’aucune d’elles ne transporta tout de suite beaucoup de nègres aux Antilles, car Du Tertre, qui ne parle nullement de vente de nègres à cette époque, nous apprend seulement qu’en 1635 Saint-Christophe reçut inopinément un secours considérable, qui n’était autre qu’une cargaison d’esclaves. Un capitaine nommé Pitre, « ayant fait une riche prise de quantité de nègres sur les Espagnols[4] », les amena vendre à Saint-Christophe. C’est de ce moment que datent, en réalité, les commencements de la prospérité de cette île. On constata de mieux en mieux combien les nègres étaient plus résistants au travail, et chacun voulut désormais s’en procurer.

La même année, un conflit s’étant élevé entre les Français et les Anglais, nous voyons que les esclaves « étaient bien au nombre de 5 ou 600, conduits par des officiers français ». Armés de coutelas et de serpes, ils « parurent aussi

  1. Bibliothèque Nationale, Mss. Fr. 4089, Discours de marine et de commerce, p. 29.
  2. Histoire du commerce de la France, II, 441.
  3. Ibid.
  4. Du Tertre, I, 59. À la page 130, il rapporte une autre prise de nègres qui furent distribués « à un chacun suivant la coutume ».