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Espagnols, à moins qu’ils ne leur aient été achetés régulièrement.

Quoi qu’il en soit, d’Esnambuc, « inspiré de Dieu, qui l’avait choisi, écrit Du Tertre[1], pour être le père et le fondateur des colonies françaises dans les îles Cannibales », revint en France pour chercher du renfort[2]. Il rapportait surtout du petun, c’est-à-dire du tabac. Il eut une entrevue avec Richelieu, auquel il fit un séduisant tableau des richesses de l’île, et presque immédiatement il obtint la création d’une Compagnie de Saint-Christophe et îles adjacentes. Les lettres patentes qui la fondèrent sont du 31 octobre 1626[3]. Il y est dit que d’Esnambuc et son compagnon ont découvert Saint-Christophe, la Barbade, « et autres îles voisines toutes situées à l’entrée du Pérou[4] ». La Compagnie est formée, tant afin de faire instruire les habitants des îles en la religion catholique, apostolique et romaine, que pour trafiquer et négocier des deniers et marchandises qui se pourront recueillir et tirer desdites îles et de celles des lieux circonvoisins[5]. Richelieu fournit un vaisseau estimé à 8.000 livres et 2.000 livres en argent sur un capital total de 45.000. Dans la suite, il fut stipulé, par l’article X de l’acte de renouvellement de cette Compagnie, passé entre le cardinal et Jacques Berruyer, un des associés, le 12 février 1635, qu’elle ne s’appellerait plus que Compagnie des îles de l’Amérique[6].

  1. Op. cit., I, 4.
  2. Cf. Caillet, L’Administration en France sous le Ministère du Cardinal de Richelieu, II, p. 104 et suiv.
  3. Moreau de Saint-Méry, Loix et Constitutions, etc., I, 20.
  4. Le nom du Pérou ne désignait pas alors seulement une partie occidentale de l’Amérique du Sud. On appelait Péroutiers ceux qui fréquentaient les mers voisines du Mexique. Des cartes du xvie siècle désignent les Antilles sous le nom d’îles du Pérou. Margry, op. cit., pp. 22 et 25 (note).
  5. Voir Arch. du Min. des Aff. Étrangères, volume cité, pp. 65-67, l’Acte d’association des seigneurs de la Compagnie des îles de l’Amérique, 31 octobre 1626.
  6. Archives coloniales, F2, 19, fol. 6 : Texte original reproduit dans Moreau de Saint-Méry, I, 29.