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ment contribué à étendre la traite ; car il est sûr qu’elle avait été déjà introduite au Nouveau Monde dès 1501. Or la proposition de l’évêque de Chiapa d’amener des nègres pour soulager le sort des naturels ne date que de 1517 ; il obtint alors qu’on envoyât 4.000 esclaves de Guinée à Saint-Domingue. C’est surtout à partir de ce moment que le commerce des nègres fut régulièrement organisé, pour se développer rapidement dans des proportions considérables.

Ainsi la traite était devenue une véritable institution, lorsque les Français vinrent à leur tour coloniser les Antilles, dans la première moitié du xviie siècle. Ils ne firent que suivre l’exemple qui leur était donné par les Espagnols et les Portugais, imités déjà par les Anglais[1]. Encore même ne paraissent-ils pas avoir songé tout d’abord à l’importation des noirs pour peupler les îles. Quelques indications sur les premiers établissements qu’ils y fondèrent vont nous montrer comment ils furent entraînés à recourir eux-mêmes à ce procédé inhumain. Puis, avant d’exposer comment ils pratiquèrent la traite, nous essaierons de prouver qu’ils auraient pu se passer d’esclaves, si la métropole avait su ou voulu encourager et organiser une émigration régulière de colons libres.


II

C’est à Saint-Christophe que les Français vinrent tout d’abord se fixer. En même temps s’y installaient les Anglais. Les Espagnols allaient essayer de disputer aux uns et aux

    politiques, t. IV, 1re série. — Antonio de Herrera, Descripcion de las Indias Occidentales, déc. I, lib. IX, cap. v, p. 235, rapporte une ordonnance du gouvernement espagnol, de 1511, par laquelle la Cour ordonne que l’on cherche les moyens de transporter aux îles un grand nombre de nègres de Guinée, attendu qu’un nègre fait plus de travail que quatre Indiens, « porque era mas util el trabajo de un negro que de quatro Indios ».

  1. Premier voyage d’Hawkins pour la traite sur les côtes d’Afrique en 1563. Lecointe-Marsillac, Le More-Lack, etc., p. 148.