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de palmiste, afin de paraître plus noirs ; par la suite, ils se bornèrent au visage.

La plupart de ces détails nous sont confirmés par Labat[1], chez qui nous constatons déjà les progrès du luxe des esclaves. Les dimanches et fêtes, « les hommes ont une belle chemise, avec des caleçons étroits de toile blanche, sur lesquels ils portent une caudale de quelque toile ou étoffe légère de couleur. Cette candale est une espèce de jupe très large qui ne va que jusqu’aux genoux, et même qui n’y arrive pas tout à fait. Elle est plissée par le haut et a une ceinture comme un caleçon, avec deux fentes ou ouvertures qui se ferment avec des rubans sur les hanches, à peu près comme on voit, en Italie et en France, ces laquais qu’on appelle des coureurs. Ils portent sur la chemise un petit pourpoint sans basques, qui laisse trois doigts de vide entre lui et la caudale, afin que la chemise qui bouffe paraisse davantage. Quand ils sont assez riches pour avoir des boutons d’argent, ou garnis de quelque pierre de couleur, ils en mettent aux poignets et au col de leurs chemises. À leur défaut, ils y mettent des rubans. Ils portent rarement des cravates et des justaucorps. Lorsqu’ils ont la tête couverte d’un chapeau, ils ont bonne mine ; ils sont ordinairement bien faits. Je n’ai jamais vu, dans tous les lieux de l’Amérique où j’ai été, aucun nègre qui fût bossu, boiteux, borgne, louche ou estropié de naissance. Lorsqu’ils sont jeunes, ils portent deux pendants d’oreille, comme les femmes ; mais, dès qu’ils sont mariés, ils n’en portent plus qu’un seul. — Les habitants qui veulent avoir des laquais en forme leur font faire des candales et des pourpoints de la couleur et avec les galons de leurs livrées, avec un turban au lieu de chapeau, des pendants d’oreille et un carquant d’argent avec leurs armes. — Les négresses portent ordinairement deux jupes, quand elles sont dans leurs habits de cérémonie. Celle de dessous est de couleur et celle de dessus

  1. IV, 485.