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qu’il fût bien blanc[1]. » Il n’est pas question, dans l’article 1er du Code Noir, des esclaves convertis au judaïsme ; mais il est probable que les maîtres expulsés furent contraints de les vendre, ce qui était une excellente occasion de les ramener à la foi chrétienne et de maintenir le développement des colonies.

Les protestants sont officiellement tolérés, conformément aux instructions du roi citées plus haut. Nombre de calvinistes furent même admis aux Antilles, principalement à Saint-Christophe, après la Révocation de l’Édit de Nantes. Mais l’article 3 du Code Noir les atteignait en interdisant tout exercice public d’autre religion que la C, A. et R., et il considérait comme rebelles les maîtres qui permettaient « à l’égard de leurs esclaves » des assemblées ayant pour but de pratiquer un culte illicite. Une lettre du Ministre à de Blenac, du 14 septembre 1686[2], recommande d’essayer de les convertir par la douceur ; si le moyen ne réussit pas, il y a lieu de « se servir de soldats pour mettre garnison chez eux ou les faire mettre en prison, en joignant à cette rigueur le soin nécessaire pour leur instruction ». Mais, bien loin de les expulser, il faut empêcher par tous les moyens qu’ils n’émigrent dans les îles étrangères. Cependant on voit par une lettre du Ministre, de 1687[3] que beaucoup s’en vont. Rien n’indique ce qu’ils font de leurs esclaves. Malgré tout, les lois ne furent jamais suivies d’effet complet. Ainsi, à la date du 7 mars 1777, nous lisons encore dans un Mémoire du roi aux sieurs Bouillé et De Tascher, administrateurs de la Martinique : « Les lois du Royaume à l’égard des juifs et des protestants ne sont pas rigoureusement observées dans les colonies. Sa Majesté veut bien permettre que ceux qui sont établis à la Martinique et à Sainte-Lucie ne soient point inquiétés pour leur croyance, pourvu toutefois qu’ils s’abs-

  1. Nouveau voyage aux isles, etc., IV, 138.
  2. A. Dessalles, II, 61.
  3. Arch. Col., B, 1, p. 1.