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CHAPITRE II

RELIGION DES ESCLAVES


« Il ne suffit pas de baptiser un peuple, pour faire chrétien. » (Wallon, Hist. de l’esclavage dans l’antiquité, I, Introd., p. lxviii)


I. — Le prosélytisme religieux invoqué pour justifier l’esclavage. — De l’influence que pouvait exercer la religion chrétienne sur les esclaves. — Fétichisme des nègres. — Quelques-uns ont une vague connaissance de l’Islamisme.
II. — Les religieux entreprennent dès le début leur conversion. — Ils sollicitent l’intervention des pouvoirs locaux. — Diverses mesures prises avant le Code Noir. — Les maîtres juifs et protestants.
III. — Prescriptions relatives au baptême et à l’instruction religieuse. — Repos des jours fériés. — Libre exercice du culte. — Règlement adressé aux curés des îles. — Préoccupations officielles qu’inspire constamment le salut des noirs.
IV. — Qu’arrive-t-il dans la pratique ? — Offices troublés par les nègres. — Processions. — Fêtes. — Difficultés de l’enseignement évangélique. — Superstitions des nègres. — Leurs réunions illicites dans les églises. — Les Jésuites accusés de les corrompre — Les magistrats ne veulent pas laisser les religieux empiéter sur la justice séculière à propos des pénitences publiques.
V. — Inconvénients que voit le pouvoir civil dans l’enseignement donné aux nègres. — La sûreté des blancs dépend de leur ignorance. — La religion n’a pas favorisé l’émancipation des esclaves.


I

Il n’est pas surprenant de voir le Code Noir, débuter par des prescriptions relatives à la religion. Le préambule de l’Édit de mars 1685 porte, en effet, qu’il est rendu d’abord pour régler la discipline de l’Église catholique, puis la situation des esclaves aux îles. Ceci s’explique naturellement par