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nombreux. D’après diverses indications, relevées dans des lettres des Ministres ou bien des Administrateurs qui se plaignent de la contrebande[1], nous croyons pouvoir en évaluer en moyenne le nombre au moins à 3.000 par an. En ce qui concerne la traite officielle, les documents paraissent au premier abord très abondants. Mais il n’y a de relevés complets que pour certaines années et pour certains ports. Si nous nous reportons aux recensements de la population des Antilles[2], qui remontent à 1664, il y a lieu de noter aussi que les chiffres n’en sauraient être qu’approximatifs ; ceux qui étaient chargés de les établir le reconnaissent ; la cause en est que presque tous les habitants cherchent à dissimuler une partie de leurs nègres pour éviter le droit de capitation.

Moreau de Jonnès, dans ses Recherches statistiques sur l’esclavage colonial[3], donne des tableaux dressés, dit-il, d’après les sources officielles. Seulement il néglige d’indiquer quelles sont ces sources et, par exemple, s’il a puisé aux Archives Coloniales. Il n’y a aucun moyen de se rendre compte de la manière dont il est arrivé aux nombres qu’il cite comme résultats de ses recherches. Aussi avons-nous préféré recourir nous-même directement aux Archives Coloniales. Nous avons relevé les chiffres les plus importants ; pour certains, nous ne les avons obtenus qu’en totalisant des listes de noms.

Nous constatons, par exemple, qu’en 1664, à la Martinique, le nombre des nègres dépasse à peine celui des blancs, puisqu’on en compte 2.704 contre 2.681 blancs[4] ; les mulâtres, au nombre de 16 seulement, sont portés à part. Mais, dès 1678, il y a 5.085 nègres, tandis qu’il n’y a plus que 2.450 blancs. — À Saint-Christophe[5], en 1671, il y a 4.468 noirs, 2.810 blancs et 93 mulâtres ; en 1686, 4.346 noirs

  1. Arch. Col., séries B et C8.
  2. Arch. Col., G1, cartons 468 à 472.
  3. P. 17 à 20.
  4. Arch. Col., G1, carton 470, Recensements Martinique.
  5. Arch. Col., G1, 471 et 472.