Page:Peytraud - L'esclavage aux Antilles françaises avant 1789, 1897.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on devine qu’il n’était pas en quantité considérable. La première introduction officielle de la monnaie de France eut lieu en 1670[1]. Les pièces de 15 sols furent alors fixées par les Conseils souverains à 18 sols, et celles de 5 sols à 6. Il faut donc toujours avoir soin de distinguer dans les documents s’il s’agit d’argent de France ou d’argent des îles. Par suite de variations successives imposées à la monnaie de France, par suite aussi de la création d’une monnaie spéciale pour les îles, l’argent des îles arriva à ne plus valoir que la moitié de celui de France. Naturellement les vendeurs exigeaient qu’on les payât en « argent de France ». Mais il était très rare que les paiements se fissent en argent. Alors les marchands, qui d’ailleurs avaient besoin de revenir avec leurs navires chargés, bénéficiaient d’une exemption de droits de moitié sur les marchandises provenant du troc des nègres (Voir ci-dessus, p. 58). Une ordonnance du roi, du 31 mars 1742[2], enjoint de prendre toutes les précautions nécessaires pour qu’il ne se produise pas d’abus à ce sujet ; il fallait que les capitaines ou les agents de la Compagnie présentassent leurs comptes pour justifier exactement de la provenance des marchandises qu’ils embarquaient.



V

Il serait intéressant de savoir quel fut le nombre des noirs importés dans les Antilles françaises. Mais il est impossible d’arriver à un compte rigoureusement exact. Une première difficulté provient de ce que nous n’avons forcément pas de renseignements précis pour les nègres introduits en fraude, ceux que l’on appelait les noirs de pacotille, et qui, malgré les précautions prises à leur sujet, furent toujours assez

  1. A. Dessalles, op. cit., I, 513.
  2. Code Martinique, Éd. Durand-Molard, I, 433.