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dans la pratique. La première partie traite des soins et de la discipline.

Article premier. — Défense aux matelots de frapper les nègres ; s’ils ont à se plaindre d’eux, ils doivent faire leur rapport à l’officier de service. — Ajoutons que, d’habitude, le capitaine choisissait un nègre intelligent et affidé pour mieux surveiller la cargaison ; ce privilégié portait une culotte et un gilet, et était nourri comme un matelot.

Art. 2. — Les matelots ne doivent avoir aucune communication avec les femmes.

Art. 3. — Si les femmes se querellent, on avertit l’officier de service, qui leur fait donner un ou deux coups de martinet par une « quartière-maîtresse », femme raisonnable choisie pour surveiller les autres.

Art. 4. — S’il se produit des disputes pendant la nuit, soit dans le compartiment des hommes, soit dans celui des femmes, on se borne à leur faire imposer silence par les quartiers-maîtres ou les quartières-maîtresses. Les blancs doivent bien se garder alors de pénétrer parmi les nègres qui pourraient les étouffer et profiler de l’occasion pour se révolter.

Art. 5. — Quand les nègres sont sur le pont, il doit toujours y avoir des blancs pour les surveiller.

Art. 6. — Pendant les repas, tout l’équipage est sur le pont.

Art. 7. — On ne doit y laisser traîner aucun outil avant de faire monter les captifs.

Art. 8. — Quand ils montent, un charpentier et un officier-major se tiennent aux guichets pour visiter les fers. Pendant ce temps, on établit les manches à vent pour augmenter l’air dans les compartiments (des claires-voies sont ménagées au-dessus de l’entrepont pour faire circuler l’air).

Art. 9. — Avant qu’ils redescendent, tous les soirs, un charpentier et un officier visitent les compartiments pour voir s’ils n’auraient rien caché.

Art. 10. — On ne fait monter les nègres que quand le pont est bien sec.

Art. 11. — « Soir et matin, ou avant et après le dîner, on fait danser et chanter la cargaison, afin d’éviter qu’elle ne prenne de mélancolie[1]. »

La deuxième partie du Règlement est relative à la propreté[2].

Article premier. — Tous les soirs, le pont est lavé, gratté et frotté à blanc.

Art. 2. — Tous les jours, on gratte à blanc, on parfume les com-

  1. Voir la collection d’instruments accompagnant les danses et les chants des nègres donnée au Conservatoire de Paris par M. Schœlcher.
  2. Voir aussi Chambon, op. cit., II, 420 et suiv.