Page:Peytraud - L'esclavage aux Antilles françaises avant 1789, 1897.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Enfin, nous avons compté qu’il n’y a pas moins de 17 gens de service auxquels on est forcé de recourir et qui doivent être plus ou moins rémunérés, et cela durant trois semaines environ que dure d’habitude le séjour à la côte. Les usages sont partout à peu près identiques. Sur un autre point de la côte d’Or, on traite avec le mafouque pour les coutumes, et il est nécessaire de payer la bienvenue au manbouque, au manibelle et au magnimbe[1]. Mais l’auteur de la relation d’où nous tirons ces détails a soin d’indiquer à ceux qui ont dessein de faire la traite une manière, peu scrupuleuse peut-être, mais habile, de se tirer d’affaire, tout en ayant l’air de faire les générosités indispensables. Le passage est assez piquant : « Vos livres de traite sont, comme d’usage. Journal et Grand Livre, où tous les courtiers ont leur compte ouvert, ainsi que compte de frais de coutumes, bienvenue et dépenses réelles ; mais les présents que vous donnez dans le cours de la traite et que vous voulez passer en courtage, vous en tenez un petit livre particulier, et vous ne le portez à leur compte au Grand Livre que pour régler avec eux, ayant attention de ne pas lire les articles qui leur ont été donnés pour présent, car ils font souvent lire leur compte ; mais, comme ils ne savent pas parfaitement compter, on les embrouille à l’addition sur le nombre de pièces, et il faut toujours se réserver de quoi leur faire un présent après qu’ils sont satisfaits de leur payement, et ça au préalable des captifs qu’ils ont fait faire, ce qui est le vrai présent, moyennant quoi leur compte sur le Grand Livre ne sera débité que des premières avances, et ce que vous aurez donné en courtage dans le cours de la traite, tous les présents qu’ils exigeront seront portés sur un livre particulier ; par le moyen d’un tableau de récapitulation, vous pouvez tous les jours savoir votre position, ce qui est bien essentiel pour se tenir bien assorti et se défaire des marchandises les moins courantes et engager

  1. Arch. Col., F, 61. Voyage de 1784.