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À Saint-Christophe, à la Martinique et à la Guadeloupe, on prisait surtout les noirs d’Angola, robustes et adroits ; mais, nous dit Du Tertre, « ils sentent si fort le bouquin que l’air des lieux où ils ont marché en est infecté plus d’un quart d’heure après[1] ».

Les plus mauvais étaient les Mondongues, qui avaient des habitudes de cannibalisme et sciaient leurs dents incisives en canines aiguës.

Il y avait aussi les Foin. D’après ce que rapporte un voyageur[2], ils « sont sujets à s’étouffer, à manger de la terre pour se faire mourir. Ils se chagrinent aisément, ce que les Levantains appellent « prendre fantaisie ». Dès que le chagrin s’empare de l’esprit des nègres, ils s’asseoient par terre, les coudes sur les genoux et la tête entre leurs mains, et en trois ou quatre jours ils meurent, supposé même qu’ils ne prennent pas le parti de se renverser l’extrémité de la langue dans la trachée-artère et de s’étouffer. »

Nous pourrions citer encore les Mayombés, les Mombequi, les Quioanqué[3], etc., ou bien les Quiloi, les Quiriam, les Montfiat, originaires de la côte de Mozambique. Ces derniers n’étaient pas très noirs ; assez grands, ils se montraient moins résistants que ceux de la côte occidentale, et ils étaient sujets aux affections de poitrine ; on appréciait, d’ailleurs, leur douceur et leur intelligence. Mais on ne commença à en importer quelques-uns à Saint-Domingue que vers 1780. Ils ne compteront donc que peu parmi ceux dont nous aurons à nous occuper. Nous croyons en somme avoir relevé toutes les variétés qui présentent des caractères réellement distinctifs.

  1. II, 495.
  2. Extrait du Voyage du Chevalier Des Marchais en Guinée, t. II, cité par Tardieu, Univ. pitt., Afrique, Guinée, III, 270.
  3. Arch. Col., F, 138, 16.