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On peut relever chez eux un certain nombre de traits particuliers, suivant l’origine de chacun. Ils ont été décrits principalement par un observateur qui les a étudiés aux colonies pendant longtemps, Moreau de Saint-Méry. Pour sa description de la partie française de l’île de Saint-Domingue[1], il avait recueilli plusieurs volumes de notes manuscrites conservées encore aux Archives coloniales ; elles attestent qu’indépendamment de ses remarques personnelles il a mis à profit les renseignements épars dans les divers voyageurs et auteurs qui l’ont précédé. Il est facile notamment de se rendre compte qu’il s’est beaucoup servi de la relation, d’ailleurs très exacte, de l’abbé Demanet, aumônier à Gorée, intitulée : Nouvelle histoire de l’Afrique française. À notre tour, nous lui ferons plus d’un emprunt, tout en ayant soin de contrôler ses affirmations par d’autres témoignages.

Les Sénégalais et leurs voisins, les Yoloffes, ou plutôt les Ouolofs[2], assez semblables entre eux, sont « grands et bien faits, élancés, d’un noir d’ébène[3] » ; mais ils ont le nez moins épaté et les cheveux moins crépus que la plupart des autres nègres[4]. Ils sont « plus aguerris, plus belliqueux et beaucoup plus difficiles à contenir que tous les autres[5] », excellents, du reste, pour le travail quand on parvient à les discipliner. On sait qu’aujourd’hui encore ils sont renommés pour le courage dont ils font preuve au Sénégal sous la conduite de nos officiers. Aux Antilles, on appelait Calvaires les nègres du cap Vert, dont le pays touchait à celui des Yoloffes.

Les Foules[6], que Muugo Park appelle Foulahs, et qui ne sont autres que les Peuls, étaient vulgairement désignés sous

  1. Cf. t. I, p. 27 et sqq.
  2. Moreau de Saint-Méry, Description de Saint-Domingue. I. 31.
  3. Walckenaër, VI, 87. Voyages de Geoffroy de Villeneuve dans la Sénégambie en 1785, 1786, 1787, 1788.
  4. Cf. Voyage de Golberry, dans Walckenaër. op. cit., V, 424.
  5. Arch. Col., F, 61, De l’ordre et des usages qui règnent généralement à bord des navires négriers.
  6. Cf. D’Avezac, Esquisse générale de l’Afrique ; — et Tardieu, La Sénégambie, dans Univ. pittoresque, Afrique, t. III, p. 3.