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légendes et traditions des cris

manger. Si tu demeures avec lui, il ne faut pas que mes enfants jouent avec les autres enfants.

Ainsi parla l’ours, et quand il eut fini, il descendit le long de la berge de la rivière la Paix et demeura là, cherchant des fruits le long du courant.

Or, sur ces entrefaites, le beau-père de l’ours, c’est-à-dire le père de la femme égarée, vint à chasser le long de la rivière la Paix. Il aperçut l’ours qui mangeait des baies de bruyère, il l’attaqua et le tua.

Alors le vieillard reprit sa fille ; cependant il ne put demeurer longtemps avec elle, car les petits ours, ayant grandi de plus en plus, tuaient tous les enfants.

C’est pourquoi les Cris voulurent tuer ces deux méchantes bêtes ; mais ils ne purent en venir à bout, et ce fut eux, au contraire, qui détruisirent toute cette peuplade, à l’exception de leur mère.

Elle ne savait comment faire, la pauvre femme.

Elle réunit donc les ossements de tous ses compatriotes défunts, alluma un grand bûcher, y déposa leurs cendres, en leur disant :

— Levez-vous donc, car vous êtes brûlés.

Aussitôt ces morts ressuscitèrent et se levèrent ; elle métamorphosa ses deux oursons en hommes, et tous vécurent depuis lors en bonne harmonie.