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des dunè flancs-de-chiens et esclaves

fait un geste de plus, je l’aurais tiré à bout portant ; mais il essuya son long couteau sur sa botte, le remit au fourreau, et se hâta de rentrer dans sa maison, où il s’enferma à double tour.

Cependant les camarades de Desmarets étaient allés chercher une couverture. Ils y déposèrent le blessé et le transportèrent dans sa case, en jurant contre le bourgeois.

— C’est bon ! dirent-ils tous d’une voix. Puisqu’on nous traite comme des chiens, que l’on nous tue, qu’on tire sur nous comme sur des esclaves, on va tous désarter. Que la Compagnie s’arrange comme elle pourra. Qu’a charche ailleurs des nageurs, des timoniers, des équarrisseurs, des voyageurs, des hommes à tout faire. Nous allons tous gagner le bois et vivre avec les Chavages ; c’est pas de valeur pour nous, ça.

M. Leblanc arriva. M. Leblanc, c’était le commis et il était français. Celui-là, les Français l’aimaient, parce qu’il n’était pas fier, qu’il parlait au monde ; mais non pas l’autre.

Tout en donnant tort à son chef, M. Leblanc chercha à calmer la colère des Canadiens. Il leur promit, de la part de Mackenzie, que ces scènes ne se renouvelleraient plus, et qu’ils seraient mieux traités. Il pansa avec soin la blessure de Desmarets. Il sortit du hangar aux provisions de la bonne viande d’orignal, de la graisse, des