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légendes et traditions

La pluie tomba longtemps, et l’eau dépassa les plus hauts sommets des montagnes Rocheuses. On n’en pouvait plus, et tous les animaux qui étaient sur le radeau soupiraient après la terre. Mais de terre, il n’y en avait plus.

Alors Tchapéwi fit plonger successivement tous les animaux amphibies, la loutre, le castor, le rankanli ou canard de Miquelon[1]. Mais ce fut en vain.

À la fin, il lâcha le rat musqué, qui remonta le ventre en l’air, pâmé et à bout de souffle, tant la terre était loin, loin au fond des eaux.

Mais le petit rat musqué tenait serré dans sa patte un peu du limon terrestre que le vieillard-magicien plaça sur la surface de l’eau reposée.

Ce peu de vase se développa sous son souffle puissant ; il s’étendit, il s’étendit jusqu’à former un disque assez grand pour soutenir un petit oiseau que le vieillard plaça dessus.

Il continua à souffler, et, la terre s’agrandissant encore, Tchapèwi y plaça un corbeau. Il souffla toujours, et bientôt la terre put supporter un renard. C’est fini, elle a atteint les proportions que nous lui voyons ; et sur ce grand disque, Etéwékwi replaça tous les autres animaux pour qu’ils y vécussent comme autre-

  1. Harella glacialis.