Tout à coup, l’aînée fut réveillée par un long sifflement ; elle se leva et, au clair de la lune, inspectant les alentours du bivouac, là-bas, dans le portage qui descendait vers la mer, elle vit, étendu sur l’eau, un être semblable à un grand ver vivant. On l’entendait manger et broyer les membres d’un être humain.
Aussitôt la jeune fille se glissa doucement autour du campement ; elle avança en tapinois et en se cachant, elle courut vers la caravane et dit aux Dènè :
— Voilà qu’à l’instant même, le Nâh rampant dévore ma sœur cadette qu’il a surprise.
Des hommes accoururent sur les lieux ; après de longues recherches, on atteignit un grand arbre entre les branches duquel se cachait le serpent ; mais ils ne purent venir à bout de le tuer.
Alors une vieille femme se leva, et, lançant au serpent le petit bâton avec lequel elle tordait les peaux qu’elle tannait, elle le tua.
— L’estomac de ce monstre se trouve placé près de son anus, dit-elle.
Elle jeta donc au Nâh son bâton ; il l’avala, et le bâton s’arrêta à l’anus du monstre, qui en mourut.
Ce fut ainsi qu’elle en vint à bout.