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légendes et traditions

morte. En vain son mari stimula-t-il la vie en elle, en la piquant avec un bois pointu, elle ne remua pas.

Comme il se levait, le Dènè aperçut par derrière les parois de sa hutte de sapin une Tête-Rasée qui arrivait sur le sentier. Aussitôt le malheureux jeta sur sa femme et sur son enfant les branchages qui formaient les parois de la hutte ; il les cacha, et s’élança hors de la cabane pour détourner l’attention de son ennemi.

La Tête-Rasée le suivit aussitôt. La nuit venue, tous deux bivouaquèrent ; alors lui profita des ténèbres pour retourner à sa loge, où il trouva sa femme sortie de sa transe et allaitant son enfant.

Mais la Tête-Rasée le suivit, pénétra sous la tente du Dènè et s’y installa sans façon de l’autre côté du feu, convoitant le fils nouveau-né du Dènè pour le tuer et le dévorer ; car il pensait que la chair devait en être tendre.

Finalement, il transperça le cœur du Dènè, en enleva la poitrine, qu’il fit rôtir et dévora ; puis il partit, abandonnant cette malheureuse, sans la tuer. Elle demeura donc seule avec son enfant, vivant de la chasse aux oiseaux et élevant son fils avec des cervelles de pie. Elle parvint de la sorte à le faire vivre.

Lorsque le petit Dènè fut grand, sa mère lui dit un jour :