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légendes et traditions

vent impétueux qui porta la désolation dans le camp. Le Corbeau qui court s’écria :

— Il a trempé (dans le sang) la touffe d’herbes ; il a suspendu en haut son vase et l’esprit est entré dedans !

Alors tout le camp se leva dans un grand ahurissement, car un grand nombre de morts gisaient dans le camp. On courut à la loge de l’Enfant magique, afin de voir ce qu’il faisait ; mais on ne l’y trouva plus. Il était parti pour le Soleil, où il demeura.

Longtemps après cela, les hommes demeurèrent sur le passage des rennes et en prirent un grand nombre ; puis ils repartirent, abandonnant la vieille à elle-même, comme de coutume. Elle s’ingénia donc pour vivre, tendit des collets sur la piste des caribous, et en prit un petit. Ce petit renne lui parut ressembler à son fils, l’Enfant-Mousse. Elle le considéra longtemps, le prit et coucha avec lui dans le dessein de ressusciter le fils qui la faisait vivre et qu’elle pleurait comme mort ; mais elle ne put venir à bout de dégager l’esprit de l’Enfant-Mousse. Celui-ci lui dit :

— Mère, laisse-moi en paix ; je vais t’instruire, laisse-moi parler. Voilà que je reviens du Soleil. J’espérais que les hommes m’y verraient et j’étais parti pour cet astre ; mais son feu est trop fort, il est impossible d’y habiter. Je suis donc revenu