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DE CONRART. [1652]

Royale, et que je suis obligé d’exécuter, puisque le Roi l’exécute de son côté[1]. » Le duc de Beaufort voyant cela, lui dit tout surpris qu’il lui rendit donc les troupes de M. d’Orléans ; et les ayant fait venir, il les lui remit entre les mains, et lui dit qu’il lui conseilloit de s’en aller, parce qu’il ne faisoit pas bon là pour lui. M. de Beaufort partit donc aussitôt, et revint à Paris.

M. d’Orléans pesta fort contre le duc de Lorraine ; Madame pleura tout le jour, et Mademoiselle fit mille imprécations contre lui devant tout le monde ; elle dit même à Madame force choses désobligeantes et offensantes, l’appelant traître, fourbe, méchant, et disant que ceux de sa maison ne feroient

  1. Le Roi l’exécute de son côté : Conrart nous a conservé la copie d’une lettre écrite par le duc de Lorraine à la duchesse d’Orléans sa sœur ; on a cru qu’il ne seroit pas inutile de joindre ici cette pièce, qui se trouve dans les manuscrits de Conrart, tome 17, page 761.
    « Ce 17 juin 1652.

    « Le marquis de Sablonnière vous portera tout ce que j’ai cru ne devoir écrire. Je ne doute pas que M. de Beaufort ne vous ait fait entendre ce qu’il a vu, et comme il étoit lui-même dans diverses pensées ; mais je ne sais comme il vous l’aura fait entendre. Je n’ai fait que ce que j’ai toujours dit, de me retirer lorsque vos gens d’Étampes seroient en sûreté. Ils y sont bien, puisque les ennemis leur ont donné toute liberté d’avoir convenu avec le vicomte de Turenne de ma retraite. J’ai toujours dit à Monsieur et au prince, et à tous, que je ne ferois autre ajustement que celui-là. De n’avoir pas combattu, il n’a pas tenu à moi : jamais je n’ai envoyé vers les ennemis, ni prétendu rien d’eux : ils m’ont envoyé et renvoyé six heures durant, sans avoir voulu répondre, ne me demandant autre chose que ma retraite, dont je suis enfin tombé d’accord à la tête des deux armées. Toutes choses m’y ont obligé, quoique j’aie vu mes troupes en état de se bien battre sans votre secours. Les ennemis l’ont trouvé bon aussi, puisque je n’étois secouru de pain ni d’hommes comme l’on m’avoit promis. — Je suis à vous. »