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quefois agir, quand même il étoit le plus nécessaire de ne point agir. J’attribue l’un et l’autre à son irrésolution, parce que l’un et l’autre venoient, à ce que j’en ai observé, des vues différentes et opposées qu’il avoit, et qui lui faisoient croire qu’il pourroit se servir utilement, quoique différemment, de ce qu’il ne faisoit pas selon les différens partis qu’il prendroit : mais il me semble que je m’explique mal, et que vous m’entendrez mieux par l’exposition des fautes que je prétends avoir été les effets de cette irrésolution. Je proposai à Monsieur, le premier ou le second jour de septembre, de travailler de bonne foi à la paix ; et je lui représentai que rien n’étoit plus important que de se tenir couvert au dernier point de ce dessein envers la cour même, pour les raisons que vous avez vues ci-devant. Il en convint. Il y eut le 5 une assemblée à l’hôtel-de-ville que M. le prince procura lui-même pour faire croire au peuple qu’il n’étoit pas contraire au retour du Roi ; et le président de Nesmond, au moins à ce que l’on m’a dit depuis, fut celui qui lui persuada que cette démonstration lui étoit nécessaire. Je ne me suis jamais ressouvenu de lui en parler. Cette assemblée résolut de faire une députation solennelle au Roi, pour le supplier de revenir en sa bonne ville de Paris. Elle n’étoit nullement du compte de Monsieur, qui, ayant résolu de se donner l’honneur et le mérite de la députation de l’Église, ne devoit pas souffrir qu’elle fût précédée par celle de la ville, des suites de laquelle d’ailleurs il ne pouvoit pas s’assurer. Il s’engagea pourtant sans balancer, et non-seulement à la souffrir, mais à y assister lui-même. Je ne le sus que le soir, et je lui en parlai en