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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

de voix s’élevoient et crioient : Vive Beaufort ! vive le coadjuteur !

Nous sortîmes ainsi du Palais, et nous allâmes dîner à six heures du soir chez moi, où nous eûmes peine d’aborder, à cause de la foule du peuple. Nous fûmes avertis sur les onze heures du soir qu’on avoit résolu au Palais-Royal de ne pas assembler les chambres le lendemain ; et le président de Bellièvre, à qui nous le fîmes savoir, nous conseilla de nous trouver dès sept heures au Palais, pour en demander l’assemblée. Nous n’y manquâmes pas.

M. de Beaufort dit au premier président que l’État et la maison royale étoient en péril ; que les momens étoient précieux ; qu’il falloit faire un exemple des coupables. Il conclut par la nécessité d’assembler la compagnie sans perdre un instant. Le bonhomme Broussel attaqua personnellement le premier président, et même avec emportement. Huit ou dix conseillers des enquêtes entrèrent incontinent dans la grand’chambre, pour témoigner l’étonnement où ils étoient, qu’après une conjuration aussi funeste l’on demeurât les bras croisés sans poursuivre la punition. Messieurs Bignon et Talon, avocats généraux, avoient échauffé les esprits, en disant au parquet des gens du Roi qu’ils n’avoient eu aucune part aux conclusions, et qu’elles étoient ridicules. Le premier président répondit très-sagement à toutes les paroles les plus piquantes qui lui furent dites, et les souffrit avec une patience incroyable, croyant avec raison que nous eussions été bien aises de l’obliger à quelque repartie qui eût pu fonder ou appuyer une récusation.

Nous travaillâmes l’après-dînée à envoyer chercher