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le Palais-Royal. — Ce n’est qu’un prétexte, reprit la Reine comme en colère ; ne fais-je pas assurer tous les jours le parlement que son éloignement est pour toujours, et sans aucune apparence des retour ? — Oui, madame, lui répondis-je ; mais je supplie très-humblement Votre Majesté de me permettre de lui dire qu’il n’y a rien de secret de tout ce qui se dit et de tout ce qui se fait au contraire de ses déclarations publiques ; et qu’un quart-d’heure après que le cardinal eut rompu le traité de Servien et de Lyonne, touchant le gouvernement de Provence, tout le monde fut également informé que le premier article étoit son rétablissement à la cour. M. le prince n’a pas avoué à Monsieur qu’il y eût consenti ; mais il est convenu que Votre Majesté le lui avoit fait proposer comme une condition nécessaire, et il le dit publiquement à qui le veut entendre. — Passons, passons, dit la Reine : il ne sert de rien d’agiter ici cette question ; je ne puis faire sur cela que ce que j’ai fait. On le veut croire, quoi que je dise ; il faut donc agir sur ce que l’on veut croire. — En ce cas-là, madame, je suis persuadé qu’il y a bien plus de prophéties à faire que de conseils à donner. — Dites vos prophéties, repartit la Reine ; mais sur le tout qu’elles ne soient pas comme celles des Barricades. Tout de bon, ajouta-t-elle, dites-moi, en homme de bien, ce que vous croyez de tout ceci. Vous voilà cardinal, autant vaut : vous seriez un méchant homme si vous vouliez le bouleversement de l’État. Je confesse que je ne sais où j’en suis ; je n’ai que des traîtres et des poltrons à l’entour de moi. Dites-