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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

de faire, en poussant ces trois sujets, l’effet qui lui convenoit ; et c’étoit d’éloigner d’auprès de la Reine ceux dont le ministère véritable et solide offusquoit le sien, qui n’étoit qu’apparent et imaginaire. Cette vue, qui étoit assurément plus subtile que judicieuse, le charmoit à un point qu’il en parla à Bagnols, le jour que M. le prince se fut déclaré contre eux, comme de l’action la plus sage et la plus fine qui eût été faite de notre siècle. « Elle amuse le cardinal, lui dit-il, en lui faisant croire que l’on prend le change, et qu’au lieu de presser la déclaration contre lui, laquelle n’est pas encore expédiée, on se contente de clabauder contre ses amis. Elle chasse du cabinet les seules personnes à qui la Reine se pourroit ouvrir, et y en laisse d’autres auxquels il faudra nécessairement qu’elle s’ouvre, faute d’autres ; et elle oblige les frondeurs ou à passer pour mazarins en épargnant ses créatures, ou à se brouiller avec la Reine en parlant contre elle. » Ce raisonnement, que Bagnols me rapporta un quart-d’heure après, me parut aussi solide pour le dernier article qu’il me sembla frivole pour les autres. Je m’appliquai soigneusement à y remédier, et vous verrez par la suite que j’y travaillai avec succès.

Je vous ai déjà dit que M. le prince se retira à Saint-Maur le 6 juillet 1651. Le 7, M. le prince de Conti vint au Palais y porter les raisons que M. le prince avoit eues de se retirer. Il ne parla qu’en général des avis qu’il avoit reçus de tous côtés des desseins de la cour contre sa personne. Il déclara ensuite que monsieur son frère ne pouvoit trouver aucune sûreté à la cour, tant que messieurs Le Tellier, Servien et Lyonne