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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

qu’elle balançoit pour son établissement, qu’elle revint, à nous, et qu’elle ne nous fut pas même d’un médiocre usage auprès de Monsieur, dans la foiblesse duquel il y avoit bien des étages. Il y avoit très-loin de la velléité à la volonté, de la volonté à la résolution, de la résolution au choix des moyens du choix des moyens l’application. Il arrivait même assez souvent qu’il demeuroit tout court au milieu de l’application. Madame de Chevreuse nous aida sur ce point ; et Laigues même, voyant l’affaire trop engagée, ne nous y nuisit point. Madame de Rhodes ne s’oublia pas auprès du garde des sceaux, qui n’osa d’ailleurs tout-à-fait se déclarer. Enfin Monsieur signa son traité. Caumartin l’avoit dans sa poche, avec une écritoire de l’autre côté. Il l’attrapa entre les deux portes, il lui mit une plume entre les doigts, et signa, à ce que disoit madame de Chevreuse, comme il auroit signé la cédule du sabbat, s’il avoit eu peur d’y être surpris par son bon ange. Le mariage de mademoiselle de Chevreuse avec M. le prince de Conti fut stipulé par ce traité. La promesse de ne se point opposer à ma promotion y fut aussi insérée, mais par rapport à l’article du mariage, et en marquant expressément que Monsieur ne m’avoit pu faire consentir à recevoir pour moi cette parole de M. le prince, qu’après m’avoir fait voir que le changement de profession de monsieur son frère ne lui laissoit plus aucun lieu d’y prétendre pour lui. Messieurs les princes étoient de toutes ces négociations, comme s’ils eussent été en pleine liberté. Nous leur écrivions, ils nous faisoient réponse et le commerce de Paris à Lyon n’a jamais été mieux réglé. Bar, qui les gardoit, étoit homme