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absentez d’Angleterre sous le regne de Marie estoient de retour en leurs maisons, et qu’une partie des peuples et de la noblesse estoient mal affectionnez à la religion catholique, pour establir cette religion protestestante à laquelle elle estoit affectionnée, et pour plus seurement regner, elle ne voulut pas user de force, mais prit resolution de faire assembler presque tous les evesques d’Angleterre, ausquels elle fit entendre qu’elle vouloit regler le faict de la religion, et suivre leur advis en tout et partout : de quoy les catholiques estoient bien aises, estimans qu’ils le gagneroient, estant la chose mise à la pluralité des suffrages, d’autant que les evesques estoient, comme ils devoient ou sembloient estre, catholiques, pour le moins en plus grand nombre que les protestans. Mais sur cette deliberation la pluspart d’iceux furent gagnez[1] par le conseil de la Reyne, les uns par bienfaits, les autres par promesses, et les autres par crainte qu’ils avoient de luy desplaire. Joint aussi qu’une partie des comtes, barons, nobles et roturiers, deputez par le peuple aux estats, demandoient le changement, d’autant qu’ils esperoient d’estre pourveus des biens des ecclesiastiques et des confiscations, excepté seulement les eveschez qui sont encore entre les mains de personnes qui se disent evesques, ou pour le moins en ont l’habit et jouissent du revenu. Par ce moyen la religion fut remise en l’estat auquel l’avoit laissée trois ans auparavant le roy Edouart sixiesme, et toute autre religion deffendue.

  1. La pluspart d’iceux furent gagnez. Les évêques d’Angleterre, à l’exception de celui de Landaff, refusèrent au contraire de se prêter aux volontés d’Elisabeth, et ils furent chassés de leurs sièges. La majorité du clergé inférieur se soumit sans presque aucune résistance.