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Les deux armées n’eurent pas long-temps marché en cet ordre, que le duc de Montpensier fit commencer la charge aux enfans perdus, soustenus du duc de Guise et du vicomte de Martigues, attaquerent d’abord si furieusement Moüy et La Louë, qu’ayant rompu les premiers rangs de leur cavalerie, tout le reste commença à se débander ; lors le marquis de Renel et d’Autricour partirent de la main pour les soustenir, et firent une charge furieuse au vicomte de Martigues ; mais estant suivy du comte de Santafior avec sa cavalerie italienne, couverte de deux mille arquebusiers commandez par La Barthe et Sarlabous, il les repoussa de telle sorte qu’Autricour y demeura sur la place, et contraignit les autres de se retirer en désordre : ce que voyant l’Admiral, ayant fait avancer trois regimens françois, ausquels il commanda de ne tirer qu’aux chevaux, entreprit de rompre six cornettes de reistres qui faisoient un grand echec sur les troupes d’Acier, et se mesla si avant en ce combat avec Telligny et La Nouë, que si le comte de Mansfeld ne l’eust suivy de bien près pour charger les reistres catholiques, qui commençoient fort à le presser, il couroit fortune de demeurer en cette charge, en laquelle il fut blessé à la joue. Lors le duc d’Anjou, voyant la meslée des deux avant-gardes fort douteuse, et que l’artillerie ennemie endommageoit fort sa bataille, pour secourir ses reistres, qui estoient en fort grand desordre par la charge que le comte de Mansfeld leur fit, commanda au duc d’Aumale et marquis de Bade de s’avancer pour le combattre, contre l’ordre qui avoit esté pris ; lesquels se porterent si avant dans la meslée, que le marquis, avec beaucoup des siens, y demeura sur la place, et le duc d’Aumale eut assez