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duc d’Anjou eust esté forcé de venir au combat ce jour-là.

Le lendemain l’Admiral, voyant que ceux qu’il avoit envoyez n’avoient pu forcer ce passage, adverty qu’il y en avoit un autre plus haut à main droite et plus facile, entre le port de Piles et La Haye en Touraine, y fit passer l’armée, en resolution de forcer le duc de venir au combat ; pour cet effet il demeura un jour en bataille, le conviant par de frequentes escarmouches de venir aux mains ; mais voyant qu’il ne le pouvoit attirer à la bataille, encore moins l’y forcer, tant pour estre le lieu trop bien retranché et flanqué, que pour avoir la riviere d’un costé et un bois de l’autre, qui le rendoit plus advantageux, et les advenues plus difficiles, repassa la Creuse et la Vienne pour estendre l’armée huguenotte à Faye la Vineuse et lieux circonvoisins, afin de la faire vivre plus commodément.

Et le duc d’Anjou, après avoir sejourné cinq ou six jours à La Celle, prit le chemin de Chinon, où il demeura quelques jours, attendant que son armée fust complette, laquelle estant renforcée de plusieurs compagnies de gens d’armes et de cornettes de cavalerie, outre celle que le duc de Guise luy amena, comme aussi des Suisses et autres regimens françois qu’il avoit envoyez en garnison, delibéra de suivre à son tour ses ennemis ; si bien qu’ayant repassé la Vienne avec toutes ses forces fraisches et gaillardes, qui estoient de plus de sept mille chevaux et dix-huit mille hommes de pied, y compris les Suisses, il n’eut pas fait long chemin qu’il fut adverty que l’armée des princes tiroit vers Montcontour, où l’Admiral avoit envoyé devant