Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/446

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’ils virent paroistre soixante chevaux au haut de la montagne ; et, quasi en mesme temps, un capitaine provençal nommé Vins, de la maison du duc, et neveu de Carces, qui conduisoit cinquante arquebusiers à cheval, s’avança à eux, et les ayant joints, leur dit qu’il avoit eu commandement de faire ce qu’ils luy ordonneroient. Lors Carnavalet et de Losse luy donnerent advis d’aller jusques au village qui estoit bien près de-là, ce qu’il fit et y donna si furieusement, que trouvant une cornette des ennemis il la mit en tel desordre, que beaucoup d’iceux s’estans plus aidez de leurs espérons que de leurs espées, il en amena quinze ou vingt prisonniers, qui asseurèrent que l’Admiral et d’Andelot estoient avec toutes les forces de l’armée, et y avoit apparence de bataille. Cependant le duc d’Anjou, pour gagner tousjours temps, fit avancer son avant-garde, conduite, comme j’ay dit, par le duc de Montpensier, de façon que presque en mesme temps arrivèrent le duc de Guise et le vicomte de Martigues, qui marchoient devant avec leurs regimens de cavalerie.

Lors l’ennemy parut en bien grand nombre, estant desjà entre dix à onze heures du matin au bas de la montagne, du costé de Jarnac ; au mesme temps le vicomte de Martigues, assisté de Malicorne, de Pompadour, Lanssac, Fervacques, Fontaines et autres, qui faisoient près de six cens chevaux, attaqua l’escarmouche de telle sorte, qu’ayant donné en queue sur le régiment de Paviaut, qui partoit de Vibrac, il tailla en pièces quelques-uns et mit les autres en grand desordre, qui se retirèrent vers Jarnac, et, rencontrans quelques troupes des leurs sur le haut d’une petite montagne, firent teste en cet endroit, aussi qu’il y avoit un