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Le duc d’Alve demeura avec les armes, la force et authorité ; la duchesse commença de plier bagage[1]. Ayant fait ce qui m’estoit commandé pour dire bon jour à l’un et adieu à l’autre, le duc me pria d’asseurer Leurs Majestez qu’il avoit particulier commandement du roy d’Espagne son maistre, de donner tout contentement au Roy son bon frère, et à la France, et de ne luy espargner ses forces et moyens s’il en avoit besoin. La duchesse de Parme me fit plusieurs discours de la sincerité avec laquelle elle s’estoit comportée au gouvernement du Pays-Bas, tant pour le conserver en l’obeyssance du Roy son seigneur, que pour ne donner aucune jalousie d’elle au Roy, à la Reyne sa mere et à la France ; me priant de les asseurer que là ou elle seroit, elle ne faudroit jamais de se comporter en sorte que l’on en auroit tout contentement. Ainsi je partis, ayant pris congé d’eux, pour m’en retourner à la cour de France.

Mais à peine estois-je sorty de Bruxelles, que je trouvay quelques François que j’avois cognus, entre lesquels y en avoit trois à qui j’avois commandé, qui s’en retournoient en France, et me prierent d’avoir agreable qu’ils vinssent en ma compagnie : ce que leur ayant accordé, ils me firent plusieurs discours des soupçons et defiances où estoient le prince de Condé, l’Admiral et les huguenots de France : que, pour y remedier, ils estoient tous préparez aux armes,

  1. Commença de plier bagage. Elle alla rejoindre en Italie son époux le duc Octave. Son administration avoit été très-douce : elle publia en partant un manifeste où elle faisoit l’apologie de sa conduite, et donnoit à entendre qu’elle voyoit avec peine les mesures sévères du duc d’Albe.