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Ainsi ce mariage et ces grandes amours, que nous pensions estre utiles pour maintenir l’Escosse en paix et destourner grande alliance de ce costé-là, ne produisoient autre chose qu’une nouvelle guerre, non seulement entre l’Escosse et l’Angleterre, mais encore une grande division entre les nouveaux mariez, comme il s’est veu depuis en toute leur vie, leur histoire estant fort tragique.

Cependant j’usay de tous moyens possibles pour esteindre le feu de cette guerre, qui commençoit de s’allumer en Escosse, dont les flammes fussent volées jusques en France : et, par l’intervention du Roy et de la Reyne sa mere, je les mis d’accord ; mais, bientost après cette paix generale, une autre guerre particuliere survint entre ces nouveaux mariez, à l’occasion des jalousies qui se mirent entr’eux, si grandes, que ce jeune roy d’Escosse, ingrat de l’honneur que luy avoit fait cette belle princesse, veufve d’un si grand roy, de l’avoir espousé en secondes nopces, suscité par le comte de Morthon, milord de Reven, et autres Escossois, lui tua honteusement en sa présence un sien secretaire appellé David Riccie, piedmontois, auquel, à la verité, elle avoit donné beaucoup de crédit et d’authorité sur toutes les affaires d’Escosse, dont, pour luy rendre compte, il ne pouvoit qu’il ne se tinst près d’elle, et le plus souvent en son cabinet, où il fut massacré cruellement de plusieurs coups, tant que le sang en tomba sur la Reyne : spectacle estrange, et assez souvent pratiqué par les Escossois, quand ils se mettent quelque chose de sinistre en l’esprit.

Cela fait, ils prirent leur Reyne prisonnière, laquelle leur eschappa, grosse du prince d’Escosse son