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que Poltrot soit étroitement gardé jusqu’à la fin des troubles. Il récuse les cours de parlement et tous autres juges qui se sont manifestement déclarés ses ennemis ; il veut, à la paix, être confronté avec l’assassin, et comparoître ensuite devant des juges non suspects.

Cette pièce fut transmise à Catherine de Médicis avec une lettre de l’Amiral, dans laquelle il emploie de nouvelles raisons pour se justifier. « Cependant, poursuit-il, ne pensez pas que ce que j’en dis soit pour regret que j’aie à la mort de M. de Guise ; car j’estime que ce soit le plus grand bien qui pouvoit advenir à ce royaume et à l’église de Dieu, et particulièrement à moy et à toute ma maison ; et aussy que, s’il plaît à Votre Majesté, ce sera le moyen pour mettre ce royaume en repos. »

Cette justification fut loin de satisfaire les catholiques, et les protestans trouvèrent que l’Amiral avoit eu tort de ne pas chercher à dissimuler sa haine implacable contre le duc de Guise. Les représentations de ces derniers ne purent le déterminer à changer de ton : il fit paroître, le 5 mai de la même année, une seconde apologie, où, sans faire valoir de nouveaux moyens de défense, il s’étend sur les entretiens qu’il a eus avec Poltrot, et soutient toujours qu’ils n’ont roulé que sur les moyens de découvrir ce qui se passoit dans l’armée catholique.

« Si j’en avois fait davantage, ajoute-t-il avec audace, pourquoy le dissimulerois-je ? Car y eut-il jamais un ennemy plus déclaré contre autre que cestuy-là ? Pourquoy estoit-il devant Orléans, que pour exterminer femmes, enfans et tout ce que j’avois de