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je diray en son lieu ; et a cette mort apporté un changement à toutes les affaires de la France.

L’armée, toutesfois, vouloit poursuivre l’entreprise, et fut faite une plate-forme sur le pont pour tirer en la ville ; mais le Roy, la Reyne sa mère, et tous les catholiques, demeurèrent fort estonnez, comme aussi la ville de Paris, qui luy fit des funérailles fort honorables, et en laquelle ledit Poltrot fut exécute et tiré à quatre chevaux. La Reyne, mère du Roy, monstra lors le ressouvenir qu’elle avoit de ses services, et l’affection qu’elle portoit à sa mémoire et à toute sa maison, faisant pourvoir Henry, duc de Guise, son fils aisné, de l’estat de grand-maistre de France, et du gouvernement de Champagne, que tenoit son père, et a fait depuis tout ce qu’elle a pu pour cette maison.

Or il fut advisé, sur les occurrences qui se présentoient, de regarder ce qui estoit le meilleur pour l’estat du Roy, du royaume et de l’armée, qui avoit perdu quatre de ses chefs en peu de temps, sçavoir : le roy de Navarre, qui estoit mort au siège de Rouen, le Connestable, pris prisonnier, le mareschal de Sainct-André, tué à la bataille de Dreux, et le duc de Guise, tué devant Orléans : chose fort remarquable, que tous les chefs de part et d’autre de ces deux armées, sont à la fin mort violemment sans qu’il en soit eschappé aucun, comme on verra cy-après.