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que Sa Majesté, estant accompagnée de la Reyne sa mère, des princes de son sang qui estoient à la Cour, et de tout le conseil, commanderoit en personne à son armée, laquelle, après avoir fait monstre, il feroit marcher droit où seroit l’Admiral, avec trente mille hommes de pied, et pour le moins dix mille chevaux, dont il se pourroit faire deux armées, desquelles la moindre seroit trop forte pour le combattre et défaire ; de telle sorte que luy ny ceux de sa faction ne s’en pourroient jamais relever ; et que lors l’on diroit estre la cause et l’armée du Roy, et non celle du duc de Guise, respondant aussi à ceux qui pouvoient objecter que Sa Majesté estoit trop jeune, disant qu’il prendroit sur sa vie de le faire commander et le mettre et loger tousjours en lieu si asseuré, qu’il ne courroit non plus de hasard, ny tout son conseil, que s’ils estoient à Paris ; et qu’il esperoit, par ce moyen, qu’avant que l’esté fust passé le Roy seroit aussi paisible en son royaume, et exempt de guerres civiles, qu’il fut jamais.

Tout ce que dessus estant proféré par le duc de Guise, plut grandement à tous les seigneurs, capitaines et autres qui estoient en ce conseil, où aucun ne répliqua rien, sinon qu’il leur sembloit le devoir faire ainsi. Sur cela je fus renvoyé vers le Roy, où estant arrivé, soudain Sa Majesté me voulut entendre en présence de la Reyne sa mère, du cardinal de Bourbon, du prince de La Roche-sur-Yon et du conseil.