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hommes, de l’argent, du canon, des munitions, des pionniers et autres choses nécessaires pour reprendre les villes du Havre-de-Grace, de Dieppe et autres detenues, et qui se prenoient tous les jours en Normandie ; qu’il estoit un bourgeois de la ville de Rouen, et non un lieutenant du Roy, parce qu’il n’avoit pas seulement deux cens chevaux pour recognoistre l’Admiral, lequel faisoit tout ce qu’il vouloit sans aucun empeschement. Que de tirer le comte. Rhingrave avec ses forces du Havre-de-Grace, où il tenoit les Anglois resserrez, il n’y avoit point d’apparence, tant pour n’estre assez fort pour faire teste à l’Admiral, qu’aussi ce seroit bailler entièrement le pays de Caux aux Anglois, qui avoient six mille hommes dedans le Havre-de-Grace. Et après avoir le mareschal de Brissac allegué plusieurs autres raisons accompagnées de la douleur qu’il avoit de se voir enfermé dans la ville de Rouen, et voir ruiner, prendre et piller toute la Normandie par l’Admiral, il demanda conseil d’un chacun de ce qui estoit de faire. La plus grande partie fut d’opinion d’envoyer vers le Roy, tant pour luy remonstrer les maux que faisoit l’Admiral, que pour la grande espouvante qu’il donnoit à tout le pays, afin que Sa Majesté envoyast des forces et de l’argent au mareschal pour faire une armée, et se mettre en campagne avec ce qu’il tenoit pour le Roy, et aller combattre l’Admiral.

Le mareschal de Brissac ayant entendu l’opinion d’un chacun, prenant de l’un et de l’autre ce qui luy sembloit bon, fit la conclusion qu’il avoit prise, comme il est à presumer, avant que de nous envoyer quérir, qu’il falloit donc en diligence envoyer vers le Roy qui