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mée d’Angleterre arrivèrent pour marquer les logis ; et le premier qu’ils firent fut à la tour et aux principaux bastions, témoignans assez qu’ils se vouloient rendre les maistres de cette place, en laquelle les François qui y commandoient, au lieu d’en estre faschez, se rejouissoient de leur venue, me disant qu’ils n’avoient pas faute d’amis estrangers ; et comme le Roy et les confederez, et chefs de son armée, avoient fait faire des levées de reistres et lanskenets par les comtes Rhingrave et de Rokendolf, ils m’asseuroient qu’ils avoient eu nouvelles que d’Andelot auroit semblablement des reistres et lanskenets, et qu’ils mettroient tant d’estrangers en France, qu’il seroit malaisé de les en chasser quand l’on voudroit.

Quatre ou cinq jours après, le comte de Warwik, frère aisné du comte de Leicester, et grand-maistre de l’artillerie d’Angleterre, arriva avec cinq à six mille hommes de pied anglois, et deux à trois cens chevaux, et force jeunes gentilshommes de cette nation, tous lesquels et ledict comte de Warwik estoient de ma cognoissance. Je les vis débarquer et loger, et en moins de trois jours se faire maistres de ladicte ville et en mettre dehors les François, auxquels ils baillèrent quelques armes, poudres et munitions, pour s’aller mettre dans Rouen avec le comte de Montgommery, qui s’estoit entièrement asseuré de ladicte ville, et avoit fait rompre les églises pour prendre les reliques, et mis toutes choses à la mercy des soldats ramassez de plusieurs endroits, et mal policez, qui prenoient des catholiques tout ce qu’ils avoient, les chassoient ou rançonnoient à discretion. Et comme j’estois prisonnier des François sur ma foy, et avec beaucoup de liberté, je me trou-