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tinent que je fisse tout ce que je pourrois pour les aller trouver ; ce qui me fut accordé, tant par ledict sieur de Beanvois que par les principaux du Havre, qui témoignoient désirer quelque bon accord. J’allay donc trouver Leurs Majestez, le roy de Navarre et le Connestable, ausquels je fis quelques ouvertures des choses que demandoient ceux qui estoient retirez audit Havre, toutesfois peu raisonnables.

Neantmoins pour le désir que la Reyne, mère du Roy, avoit que cette ville ne fust mise entre les mains des Anglois, lesquels avoient capitulé avec le vidame de Chartres[1], qui estoit en Angleterre de la part du prince de Condé et des huguenots pour avoir de l’argent, moyennant lequel ils avoient promis de livrer ledict Havre, Dieppe et quelques autres places de Normandie, je fus aussi-tost depesché pour retourner leur porter une sincère volonté du Roy, et des conditions raisonnables, avec la seureté de la vie, des biens et des estats de tous ceux qui estoient en ladicte ville, tant bourgeois qu’autres, qui y commandoient, et mesme pour le sieur de Gros, qui en avoit esté gouverneur.

Le lendemain, après que je fus de retour au Havre de Grace, les mareschaux des logis et fouriers de l’ar-

  1. Le vidame de Chartres. On a vu dans la note de la page 26 du tome XLII, page 45 de l’édition de Le Laboureur, que François de Vendôme, vidame de Chartres, amant de Catherine de Médicis, étoit mort après avoir subi à la Bastille une longue captivité. Jean de La Ferrière, seigneur de Maligny, dont il est ici question, avoit succédé à ce titre par son mariage avec Louise de Vendôme, tante du dernier vidame. Le traité conclu avec le vidame fut signé à Hamptoncourt le 10 septembre. Elizabeth, en fournissant des troupes aux protestans, ne déclara pas la guerre à Charles IX, et elle soutint, dans un manifeste, qu’elle ne prenoit les armes que pour sauver de l’oppression et du massacre les sujets de son bon frère.