Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ostage de ce qui seroit promis par les huguenots, qui offriroient de faire toutes choses pour le bien de la paix, leurs consciences sauves. Lors se trouvèrent avec le prince de Condé l’Admiral, le prince Porcian, d’Andelot, La Rochefoucauld, Rohan, Genlis et Grammont, lesquels firent la révérence à la Reyne mère, qui les reçut fort gracieusement, et entendit bien volontiers toutes leurs raisons, par lesquelles ils remonstroient leur innocence et l’equité de la cause qui les avoit induits de prendre les armes, dont les principales occasions estoient l’infraction des edicts et les massacres de ceux qui alloient au presche suivant l’edict de janvier.

La Reyne leur fit pleinement response qu’il estoit impossible d’entretenir deux religions en France ; et d’autant que les catholiques estoient beaucoup les plus forts, il ne falloit pas espérer que l’edict de janvier pust demeurer en vigueur. Le prince de Condé et les seigneurs qui estoient avec luy contestèrent fort sur cela, offrans de se bannir plustost du royaume pourvu que l’edict fust gardé ; ce qu’ils disoient pour bailler plus de force et de justice à leurs causes et raisons de prendre les armes. Et lors la Reyne mere du Roy, pour essayer toute sorte de remèdes à un danger si proche et si grand, accepta aussi-tost leurs offres, ce qui les estonna fort, car ils ne pensoient pas que Sa Majesté leur portast si peu d’affection, qu’elle pust voir le prince de Condé et tant de noblesse bannie de France. Lors ils repondirent que c’estoit la pratique et le dessein des confederez, à quoy neantmoins ils n’avoient donné conseil ni opinion, car ils ne pensoient pas que les huguenots dussent faire telles offres ; mais le seul but de la Reyne estoit de voir le royaume paisible, et