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catholiques, de maintenir la foy et vraye religion contre les huguenots, et essayer de les exterminer avant qu’ils fussent plus forts.

Si-tost que les huguenots eurent copie de la requeste, ils firent publier leur réponse toute pleine de protestations, comme ils avoient fait auparavant, avec belles parolles, toutesfois piquantes, contre le cardinal de Lorraine, disant qu’il contrevenoit à la promesse qu’il avoit faite un an auparavant à un prince de l’Empire, auquel il avoit dict qu’il trouvoit toutes bonnes choses et salutaires en la confession d’Ausbourg, et conformes à la religion catholique, ofTrans tousjours de garder au Roy les villes occupées par eux, qui se monstreroient en toutes choses bons et fidèles sujets. De sorte que chacun se vouloit couvrir et aider du manteau royal.

Aucuns disoient que les propos que le cardinal de Lorraine avoit tenus à ce prince de l’Empire touchant la confession d’Ausbourg, estoit un subtil moyen qu’il vouloit inventer pour diviser les luthériens d’avec les calvinistes de France, et les mettre en querelle les uns contre les autres : aussi estoient-ils en grande dispute, laquelle n’est pas encore vuidée. Et s’ils eussent esté bien unis et leurs forces conjointes, ils eussent bien donné des affaires aux catholiques ; mais ils ont tousjours esté si contraires, qu’au mois de may 1562 les protestans de la confession d’Ausbourg se jettèrent sur les François qui avoient leurs ministres et leurs presches à part en la ville de Francfort ; et n’y eut moyen d’appaiser la sédition, qu’au préalable les magistrats et la plus grande partie des bourgeois, qui tenoient la confession d’Ausbourg, n’eussent chassé les calvinistes.