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Sa Majesté ne se devoit jamais départir d’un seul poinct de la foy catholique, où tant de roys ses prédécesseurs avoient honorablement et heureusement vescu, et y estoient morts constamment. Le jour d’après, Théodore de Beze escrivit touchant le propos qu’il avoit tenu du Sainct Sacrement et de l’hostie, voulant adoucir son stile par une déclaration, qui fut depuis imprimée avec sa harangue, et neantmoins il persista en ce qu’il avoit dit.

Après la première session tous les prélats catholiques et docteurs de Sorbonne, pour lors assemblez, résolurent de faire response à la confession des protestans, portée par leur harangue, et touchèrent seulement les deux poincts principaux, à sçavoir l’article concernant le sacrement de l’autel et de l’Église catholique : et fut faite la response par le cardinal, à la seconde session de Poissy, le Roy présent, et ceux qui avoient ouy la harangue des protestans. Alors les cardinaux et députez du clergé, s’approchans du Roy, le supplièrent, pour le meilleur conseil que l’on lui pust donner, de continuer en la vraye foy de l’Église catholique et religion de ses prédécesseurs. Théodore de Beze supplia qu’il plust à Sa Majesté luy donner audience pour respondre sur le champ à tout ce qu’avoit dit le cardinal de Lorraine ; ce que le Roy ne voulut faire, mais fut remisa autre jour, afin que personne ne s’ofFensast, ou fust esmeu d’adhérer aux propos des protestans.

L’on advisa un lieu où l’on pourroit ouyr les ministres hors de la grande assemblée, et où le Roy et la Reyne pussent estre présens : où peu après l’on s’eschauffa si bien en la dispute, que l’ardeur surpassa la raison de part et d’autre, qui fut cause que le Roy diminua le