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n’estoit pas fort ambitieux, la supplia de croire qu’il ne prétendoit rien à la regence au lieu où elle seroit, et à l’heure mesme luy offrit son fidelle service et celuy de son frere, ainsi qu’il l’en avoit fait prier, la suppliant d’en demeurer asseurée.

Lors entre la Reyne et luy se moyenna une bonne intelligence, et par consequent entre la maison de Bourbon. De sorte qu’elle demeura dame et maistresse, avec l’authorité souveraine par tout le royaume, et celle de la maison de Guise un peu rabaissée ; ayant Sa Majesté faict si bien et usé d’une si grande prudence, qu’elle reconcilia le roy de Navarre avec eux, et les fit embrasser, les priant d’oublier tout le passé et de vivre à l’advenir comme bons parens et amis ; en quoy ceux de Guise recogneurent sa bonté, à laquelle ils se sentoient fort obligez.

Et afin que le roy de Navarre eust occasion de se contenter, elle luy promit qu’il seroit lieutenant general du Roy, ce qu’il estimoit à grand honneur, et dont il demeura bien satisfait. Beaucoup de catholiques estimerent lors que, si la puissance du duc de Guise et ses freres eust continué armée de celle du Roy, comme elle avoit esté, les protestans eussent eu fort à faire : car l’on avoit mandé tous les principaux seigneurs du royaume, officiers de la couronne et chevaliers de l’Ordre, pour se trouver en ladicte ville d’Orleans le jour de Noël, à l’ouverture des Estats, pour leur faire à tous signer la confession de la foy catholique, en presence du Roy, et de tout le chapitre de l’Ordre, ensemble à tous les conseillers du conseil privé, maistres des requestes, et officiers domestiques de la maison du Roy, et à tous les deputez des Estats. Et la mesme con-