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et obvier aux factions qui continuoient par la France.

En quoy plusieurs partisans de la maison de Bourbon jugerent que le roy de Navarre avoit failly de n’estre venu, veu mesme qu’il avoit advertissement du connestable, qu’il y vint si bien accompagné qu’il n’y eust que craindre pour luy : et n’estant point venu, il sembloit que tacitement il se voulust rendre coupable du faict d’Amboise, et monstroit ouvertement qu’il se defioit de ses forces et de ses amis et serviteurs, envers lesquels il perdoit non seulement son credit, mais vers beaucoup de seigneurs, gentilshommes et autres de toutes qualitez, qui avoient les yeux jettez sur luy, et estimoient qu’il ne devoit point douter que, sortant de sa maison, il n’eust trouvé une bonne et grande suite, ausdits Estats, desquels la convocation est chose très belle, lors que les opinions sont libres, pour faire ouverture de justice à tous les sujets, ouyr les plaintes et doleances d’un chacun, afin de remedier aux maladies de ce corps politique, et mesme pour regler l’estat des finances, et trouver les moyens d’acquitter le Roy, qui se trouvoit lors endebté, comme j’ay dict ailleurs, de quarante et deux millions de livres.

Toutefois c’estoit chose perilleuse de tenir lors les Estats, sans accompagner le Roy de bonne et seure garde, et telle que la force luy demeurast en main sans aucune contrarieté, puisque l’on avoit l’exemple si recent d’Amboise, six. mois auparavant. Outre ce, l’on craignoit que le prince de Condé ne se fist le plus fort, veu qu’il conjuroit tous ses amis et serviteurs de l’assister, comme il a esté dict cy-dessus ; qui d’autre costé ne pouvoit souffrir moins que le roy de Navarre, que ceux de Guise eussent la force en main, ce qui