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DISSERTATIONS

eux pour la défense de l’état, et l’obeïssance qu’ils devoient à leur prince. C’est à cette coûtume qu’il faut rapporter ce que quelques auteurs anglois écrivent en l’an 1094. Denuò in campe Martii convenere, ubi illi, qui sacramentis inter illos pacem confirmaverer, Regi omnem culpam imposuere[1]. Ce qui montre que quoy que ces assemblées se tinssent au premier jour de may, elles ne laissoient pas toutefois de conserver le nom de champs de mars, et qu’elles furent encore en usage sous les premiers roys normans.

Les présens mémes y estoient faits pareillement aux roys. Orderic Vital parlant de Guillaume le Conquérant : Ipsi verò Régi, ut fertur, mille et sexaginta libræ Sterilensis nionetæ, solidique triginta, et tres oboli ex justis reditibus Angliæ per singulos dies redduntur : exceptis muneribus regiis, et reatuum redemptionibus aliisque multiplicibus negotiis, quæ Regis ærarium quotidie adaugent[2]. Peut-estre que par ces termes de présens royaux, cet auteur entend les redevances en espèces, que les peuples estoient obligez de faire de jour en jour, pour la subsistance de la maison du Prince, d’autant que in primitive regni statu post conquisitionem, regibus de fundis suis non auri vel argenti pondera, sed sola victualia solvebantur[3], ainsi qu’écrit Gervais de Tilesbery. Mais d’ailleurs il est constant que ces présens faits aux princes par leurs sujets ont esté en usage depuis le temps auquel Guillaume le Bâtard vécut, veu que nous lisons qu’au royaume de Sicile, où des roys,

  1. Simeon Dunelm. de gest. Angl. Flor. Wigorn. et Brompton, A. 1094.
  2. Orderic. l. 4, p. S23.
  3. Gervas. Tilesb. apud Selden, ad Eadmer, p. 216.