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EXTRAITS

elle fut assiégée par les Francs sous le règne du Sultan Elmelikul-Kamil ; cependant quoique la peste et la famine affligeassent pour lors cette ville, les Francs

    embouchures du Nil : ce fleuve à Schatnouf, ville au-dessous du Caire, se divise en deux grandes branches ; la branche occidentale va à Rosette, et de là se jette dans la mer ; quand la branche orientale est parvenue à Diewdjer, petite ville située presque vis-à-vis Mansoura, elle se subdivise encore en deux autres branches ; la plus orientale des deux coule à Achmoum-Tanah, et de là va se jeter dans le lac de Tinnis, qui se décharge dans la mer ; l’autre, que l’on peut nommer occidentale, relativement à la précédente, prend son cours entre Damiette et ce que l’on nomme le Gizé de Damiette, sur la rive occidentale : ce terme arabe signifie extrémité, angle, côte, rive. Damiette, suivant cette description, se trouve située entre ces deux dernières branches du fleuve.

    Cette ville avant l’expédition de S. Louis avoit déjà été prise plusieurs fois ; les Empereurs Grecs s’en étoient rendus maîtres l’année de l’hégire 121 et de J. C. 738, et l’année de l’hégire 238 et de J. C. 852 ; le fils de Roger, Roi de Sicile, la prit l’année de l’hégire 550 et de J. C. 115S.

    Les princes croisés, l’an de l’hégire 565 et de J. C. 1169, sous le règne de Salah-uddin ou Saladin, l’assiégèrent durant cinquante-cinq jours sans pouvoir s’en rendre maîtres ; leur flotte, selon Makrizi, étoit composée de douze cent voiles : enfin l’année de l’hégire 615 et de J. C. 1218, trente-un ans avant l’arrivée de S. Louis en Égypte, Damiette fut assiégée par les Princes croisés sous le règne du Sultan Melikul-Adul, père de Nedjm-Eddin : leur armée, selon Makrizi, étoit de soixante-dix mille hommes de cavalerie et de quatre cent mille d’infanterie ; ils débarquèrent vis-à-vis Damiette, à cette terre que l’on appelle le Gizé de Damiette. C’est le même endroit où S. Louis trente-un ans après fit sa descente ; ce qui le prouve, c’est que ce Prince mit pied à terre à la même plage où étoit campé l’Émir Fakreddin ; or cet émir plaça son camp sur cette rive du Delta, nommé le Gizé de Damiette, dont S. Louis se trouva le maître par la retraite du général Égyptien. Pour revenir au premier siège de Damiette par les Croisés, dès qu’ils furent débarqués, ils entourèrent leur camp d’un fossé profond, et le revêtirent d’une forte palissade ; il y avoit à l’embouchure du Nil, de chaque côté, une tour défendue par une nombreuse garnison ; l’on tendoit une grosse chaîne de fer entre ces deux tours, qui empêchoit les vaisseaux d’entrer dans le Nil. Les Croisés assiégèrent la tour qui étoit du côté de leur camp, c’est-à-dire, la tour occidentale ; s’en rendirent les maîtres, et rompirent la chaîne. Le fils du Sultan, qui étoit campé proche Damiette, fit construire un pont à l’embouchure du Nil, pour empêcher l’entrée des vaisseaux ; mais les Chré-