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DISSERTATIONS

même lieu de croire que ce Prince les mit en usage dans ses états ; car Cinnamus écrit qu’estant parvenu à l’empire, il enseigna à ses peuples une nouvelle façon de combattre, leur ordonnant d’user à l’avenir de longs écus, au lieu de ronds ; d’apprendre à manier de longues lances, comme les François, et à monter à cheval ; puis il les obligea de s’exercer entre eux par des combats innocens, qui ne sont autres que les tournois : voici les termes de cet Auteur : Τὰς γὰρ ἐϰ τῶν πολεμίων ἀνέσεις, πολέμων αὐτὸς ποιεῖσθαι θέλων παρασϰευὰς, ἱππεύεσθαι εἰώθη τὰ πολλὰ, σχῆμάτε πολέμου πεποιημένος, παρατάξεις τινας ἀντιμετώπους ἀλλήλαις ἵστα. Οὕτω τε δόρασιν ἐπελαύνων τοῖς αὐτοξύλοις ϰινησιν ἐγυμνάσαντο τὴ ἐν τοῖς ὅπλοις[1]. Anne Comnene semble encore parler de ces exercices des tournois, et faire voir qu’ils estoient en quelque façon en usage sous l’empire d’Alexis son pere : Ἐπιμελῶς τε ἐϰπαιδεύειν ὅπως χφὴ τόξον τείνειν, ϰαὶ δορὺ ϰραδαίνειν, ἵπποντε ἐλαύνειν, ϰαὶ μεριϰὰς ποιεῖσθαι συντάξεις[2]. Ces dernières paroles désignent assez les tournois, où les combats se faisoient en troupes.

Le principal but de l’usage des tournois estoit pour exercer ceux qui faisoient profession des armes, pour apprendre à les manier, et à monter à cheval, et pour donner des preuves de leur valeur : pro solo exercitio, atque ostentatione virium ; ainsi qu’écrit Guillaume de Neubourg, γυμνασίας ἔνεϰα σώματος, comme parle Gregoras, et enfin, ut ex solenni bellorum prœludio verorum addisceretur ars ususque bellorum. Car il est malaisé de faire de belles actions dans les combats, si

  1. Cinnamus, l. 3, p. 134.
  2. Anna Commen, l. 15. Alxiad.