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SUR L’HISTOIRE DE S. LOUYS.

a écrit, puisque Virgile témoigne assez le contraire par ces vers :

. . . . . pugnæque cient simulacra sub armis.
Et nunc terga fugâ nudant nunc spicula vertunt
Infensi ; factâ pariter nunc pace feruntur[1].

Il est constant toutefois, qu’il se faisoit d’autres exercices dans les tournois et d’autres combats. Il est mêmes probable que le nom de tournois ne vient pas de Troja, quasi Trojamentum, comme les auteurs, que je viens de nommer, ont écrit, mais plutôt du mot François tourner, qui signifie marcher ou courir en rond. C’est ainsi que Papias interprète ce mot de tornat, in gyrum mittit[2] ; terme qui ne semble pas nouveau, puisque Paul Diacre et l’empereur Maurice en ses Tactiques nous apprennent que celui de torna[3] estoit en usage dans les combats, pour obliger les soldats à tourner aux occasions qui se présentoient. Aussi plusieurs estiment que ces femmes qui sont appellées tornatrices[4] dans Hincmar, ont ce nom acause qu’elles dansoient en rond. C’est encore de là que nos anciens François ont emprunté le mot de returnar[5], qui se trouve dans le traité de paix d’entre Louys et Charles le Chauve son frère, — et de retornare[6] dans les capitulaires du même Charles le Chauve, qui est à présent commun parmy nous, pour revenir de quelque endroit.

Ces exercices militaires ont esté en usage parmy nos premiers François : du moins Nithard nous ap-

  1. Virgil. Æneid. l. 5. v. 585.
  2. Papias. Doutreman. in CP. Bulg. lib. I, c. II. § . 6.
  3. Paul. Diac. Hist, Mise. Mauric. in tactic.
  4. Hincmar, to. I, p. 714.
  5. Cap. 3, dist. 5, de consecr.
  6. Nithard. l. 3. Capit. Car. C. tit. 16, § . 14.