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II

Ce jour-là, vers quatre heures, Émile avait quitté l’atelier Weill, avec une irritation contre la besogne journalière, en un besoin de flâne, de bavardage, de discussion, de tout ce qu’il savait trouver d’enthousiaste, de puéril, de terre à terre et d’envolée dans les bureaux du Réveil, le journal de Célestin Bergès.

Il aurait pu sortir sans attirer l’attention, mais au contraire, par défi, il passa lentement, martelant le sol de ses talons devant le chef d’atelier. Il eut un désappointement, car l’autre lui sourit, fit un bonjour amical et le laissa passer sans aucune observation. Émile avait une position exceptionnelle dans la maison, grâce à son instruction supérieure et à son adresse remarquable. On lui passait bien des irrégularités causées par son caractère fantasque, sachant qu’elles étaient compensées par la rapidité et la qualité de son travail quand il se trouvait dans ses bons jours.

Dehors, le vent s’engouffrait dans la grande rue