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Alors, son orgueil se cabra. Non, il ne devait point accepter l’amour d’une étrangère, d’une ennemie ; c’était lâcheté, compromission de sa part !… Entre les riches et les pauvres, il ne devait y avoir aucun lien, jusqu’au jour où le grand bouleversement aurait de nouveau rendu tous les hommes frères !…

Et comme, au fond de lui, se joignait à ce sentiment d’orgueil une grande timidité, la peur de paraître gauche, emprunté, grossier à cette femme belle et délicate, il se jura de repousser toutes les nouvelles avances qui pourraient lui être faites.

Non, il y était décidé, cette femme ne l’aurait point ! En vérité, leurs chairs n’étaient point faites pour se mêler… Elle était pareille aux aristocrates dont autrefois les têtes pâles et sanglantes étaient promenées au bout des piques. Elle n’avait rien de celles qui accompagnent la fruste nuée des convaincus… de ces enthousiastes qui, un jour, renverseront, balayeront l’antique civilisation pourrie, et planteront triomphants le drapeau vierge d’une société nouvelle sur le terrain déblayé.