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LIMITE SUPÉRIEURE DES GRANDEURS MOLÉCULAIRES

réfléchissent encore de la lumière, et même que, dans leur intérieur, il finit en général par apparaître de nouvelles taches rondes à bord net, encore plus sombres, donc encore plus minces et qui renvoient pourtant de faibles images d’objets brillants, du soleil par exemple.

On a pu mesurer, de plusieurs façons concordantes[1], l’épaisseur des taches noires, et l’on a trouvé que celles de Newton, c’est-à-dire les plus noires et les plus minces, ont une épaisseur d’environ 6 millièmes de micron ou 6 micromicrons (soit 6·10−7 cm). Les taches noires de rang précédent ont une épaisseur sensiblement double, ce qui est bien remarquable.

Les lames qui se forment par étalement de gouttes d’huile déposées sur l’eau peuvent devenir encore plus minces que les taches noires des bulles de savon, comme l’a montré lord Rayleigh. On sait (ou l’on peut aisément vérifier), que de petits fragments de camphre jetés sur de l’eau bien propre se mettent à courir en tous sens à la surface de l’eau (car la dissolution du camphre s’accompagne d’un grand abaissement de la tension superficielle, en sorte que le fragment est à chaque instant tiré du côté où la dissolution se trouve le moins active). Ce phénomène ne se produit plus si la surface de l’eau est grasse (et par suite possède une tension superficielle beaucoup

  1. Soit en mesurant leur résistance électrique (Reinold et Rücker), soit en en disposant une centaine les unes derrière les autres, et en voyant à quelle épaisseur d’eau se trouve équivalente la série de ces lames noires, en ce qui regarde le retard éprouvé par un rayon de lumière qui les traverse (Johonnott).
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